Ce qui suit provient des archives départementales de la Somme
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Notice historique et géographique sur la commune de Bouchoir, 1897-1899
Les monographies communales sont des notices (4 pages en moyenne) décrivant les communes sous leurs différents aspects : géographie, histoire, administration, économie.
Elles ont été rédigées pour la plupart à la fin du XIXe par les instituteurs de chaque village du département, à la demande du Ministère de l'Instruction Publique pour sa contribution à l'Exposition universelle de 1900.
Ci-dessous un aperçu de la notice telle qu'elle figure aux archives départementales.
Le texte étant difficilement lisible vous trouverez ci-dessous une version dactylographiée
Idée d'ensemble de la commune
1. Etymologie, ancienne forme du nom
Bucheria , Buchuerre ( 1215 ), Bouchouerre, Buchuerre, Bouchuere, Bouchoire ( 1247 ) Bouchoir ( 1567 ) signifie lieu planté de buis
2. Situation
Il est situé par 0°20' 27" de longitude Est et 49°15' de longitude Nord, dans le canton de Rosières et l'arrondissement de Montdidier. Bouchoir fait partie du Santerre.
3. Communes limitrophes
Son territoire est borné par 5 communes. Au Nord Folies; au Nord-Est Rouvroy; à l'Est Le Quesnoy; au Sud Erches; à l'Ouest Arvillers.
4. Superficie et population totale
La superficie de 587 ha et sa population de 540 habitants au recensement de 1896 en font une commune d'importance moyenne
GEOGRAPHIE PHYSIQUE
5. Nature du sol
Le sol de la Commune est constitué entièrement par les couches argileuses du limon des plateaux au-dessous desquelles on trouve la craie, craie blanche puis craie marneuse.
6. Relief
Situé dans la belle plaine du Santerre, Bouchoir offre généralement un sol bien plat et découvert. Le village est à 100 m d'altitude. Le point culminant près de la Râperie est à 102 m d'altitude.
7. Conditions climatologiques
Bouchoir fait partie de la zone où règne le climat parisien. Ce climat a pour caractère général d'être modéré, sans grands froids, sans chaleurs extrêmes mais en même temps humide et changeant. La grêle y est peu à redouter.
8. Régime des eaux souterraines et superficielles
Il n'existe aucun cours d'eau ni aucune source. La nappe d'eau souterraine qui alimente les puits est située à environ 20 mètres de profondeur. Quatre mares avoisinent les habitations.
9. Influence maritime : Côte
L'influence de la mer sur la contrée se borne à l'action météorologique. Rapide est le contre-coup des troubles atmosphériques signalés du littoral.
10. Particularités de la faune et de la flore
La flore et la faune diffèrent peu de celle des environs de Paris. Quelques plantes y sont d'un usage assez répandu: la guimauve, les fleurs de tilleul, les fleurs de sureau, le chiendent, les feuilles de ronce. Il est à regretter que certains animaux utiles soient encore détruits : la musaraigne, le hérisson, le crapaud, le chat-huant etc.
Géographie Administrative
11. Chef-lieu de la commune; son importance
La population de la commune est de 540 habitants presque entièrement agglomérée.
12. Hameaux; leur importance
Il n'existe pas de hameau sur le territoire de la commune.La seule annexe est une maison dépendant de la râperie Henier ( 2 habitants )
13. Nombre d'électeurs; Autres chiffres relatifs à la population
La commune compte 182 électeurs; 382 adultes de 16 ans et plus, 195 hommes, 187 femmes, 186 ménages, 75 écoliers garçons et filles. Trois étrangers y ont leur résidence.
14.Administration et finances municipales
Le conseil municipal se compose de douze membres qui élisent le maire et l'adjoint.
Le budget communal de 5000 francs s'équilibre par également 5000 francs de ressources ordinaires
Les revenus du Bureau de bienfaisance , de la Caisse des écoles et de la Fabrique sont respectivement de 1345, 40 et 1285 francs.
15. Mandataires représentant la commune au dehors; Renseignements divers
Bouchoir contribue à la nomination de 2 conseillers d'arrondissement, 1 conseiller général, 1 député et 3 sénateurs. Les affaires municipales ressortissent à la sous-préfecture de Montdidier.
La commune est chef-lieu de perception, elle dépend d'Arvillers ( Caisse d'épargne, poste et télégraphe, contributions indirectes )
- Rosières enregistrement, justice de paix, huissiers, gendarmerie, ponts et chaussées, notaire
- Montdidier : hypothèques, vérification des poids et mesures, tribunal, avoués, enseignement primaire.
- Péronne : subdivision militaire et recrutement
Bouchoir est une paroisse catholique , a deux écoles ( garçons et filles), une classe enfantine, une bibliothèque scolaire et populaire ( 93 volumes ) et une pompe à incendie.
GEOGRAPHIE ECONOMIQUE
COMMUNICATION
16. Routes; Communications du chef-lieu avec les hameaux et les communes voisines; Voies navigables :
Une route départementale Roye à Amiens traverse la commune. Quatres chemins vicinaux ordinaires relient Bouchoir aux communes voisines. Aucune voie navigable.
17. Voies ferrées, Service postal, télégraphique et téléphonique :
La ligne d'Albert à Montdidier passe à 3 kilomètres de Bouchoir ( Arrêt de Bouchoir ). Poste ( 2 distributions ) et télégraphe à 2 kilomètres.
18. Améliorations désirables :
AGRICULTURE
19. Superficie cultivée; Catégories de sol exploité :
Sur les 587 hectares de la Commune, le territoire agricole compte 556 hectares de terres labourables; 12 hectares de jardins; 5 hectares de vergers. Le territoire non agricole occupe 14 hectares.
20. Principales cultures :
Plus de la moitié des terres est cultivée en céréales ( avoine, blé ) et le tiers en pommes de terre, betteraves à sucre et fourragères. Le huitième restant produit le trèfle, la luzerne et les fourrages annuels. Le rendement est très satisfaisant pour les céréales et les autres récoltes. Point de culture maraîchère mais la production fruitière des jardins et vergers tend à se développer pour la fabrication du cidre.
21. Elevage; Bétail et animaux de basse-cour :
On achète les chevaux ( 110 ) et on élève la plupart des animaux de l'espèce bovine ( 200 ) dont 120 vaches laitières. Le nombre des moutons ( 800 ) reste à peu près stationnaire. On élève peu de porcs; très peu de chèvres. La basse-cour et la laiterie sont d'un excellent revenu qu'il est possible d'augmenter encore.
22. Apiculture, Sériculture, Pisciculture, Ostréiculture :
Toute habitation rurale environnée de prairies artificielles devrait avoir un rucher qui procurerait, presque sans mise de fonds, un revenu assez considérable. On n'en connait pas un seul à Bouchoir.
23. Etat de la propriété :
Les 2650 parcelles du territoire appartiennent à 310 propriétaires et se répartissent en 50 exploitations ( 25 inférieures à 5 hectares ). L'hectare de terre labourable se vend environ 3000 frs se loue 66 frs. L'ouvrier agricole gagne 2 frs par jour.
24. Méthodes d'exploitation; Outillage; Progrès à réaliser :
Les méthodes et l'outillage sont en progrès; les fumiers bien soignés; on perd peu de purin. Mais trop rares sont les cultivateurs qui font partie de syndicat départemental.
25. Pêche et Chasse :
Pas de pêche; pas de bois; le gibier n'est pas abondant et la chasse a peu d'importance.
INDUSTRIE
26. Mines, Carrières, Salines, Eaux Minérales :
Il n'existe ni mine, ni carrière sur le territoire de la Commune.
27. Petite moyenne et grande industrie :
Bouchoir est un petit centre pour la fabrication de la bonneterie ( maison Damay et Hennechet 30 ouvriers ) et pour la construction de machines agricoles. L'atelier de construction Pillot et ses fils est l'un des plus importants de la région.
28. Améliorations et créations possibles :
COMMERCE
29. Nature et valeur des produits exportés et importés.
Bouchoir exporte ses produits agricoles et manufacturiers : grains, bestiaux, bonneterie, machines. Il importe vin, eau-de-vie, houille, engrais et matières premières pour son industrie.
30. Direction des courants commerciaux; Marchés et Foires.
Roye est le centre principal des relations. Son marché au blé est le régulateur des marchés de la région et à sa foire aux poulains s'approvisionnent les cultivateurs des localités voisines.
31. Produits sans écoulement; Débouchés à créer.
Les produits s'écoulent facilement; pas de débouchés à créer.
APERCU HISTORIQUE
ORIGINES
32. Temps préhistoriques. Antiquité gauloise et gallo-romaine
L'origine de Bouchoir n'est guère antérieure au XIIèmesiècle. Il est possible cependant que le territoire traversé par la grande voie romaine de Lyon à Boulogne ait été habité dès l'époque romaine.
MOYEN-AGE
33. Epoque Gallo-franque. Epoque féodale du IXème au XVIème siècle
La paroisse se forma d'un démembrement de celle d'Erches. La seigneurie de Bouchoir fut d'abord possédée par des
seigneurs de ce nom; ensuite par la maison de Beaufort dépendant de celle de Mailly. Le chapitre de Nesle y possède 100 hectares de terre et une manie ainsi que le marquisat de Nesle. La place de Bouchoir où se trouve l'entrée de vastes souterrains porte le nom de Marteloir, c'est à dire lieu d'un grand massacre. Jean Poton de Xaintrailles y aurait défait les Bourguignons en 1430. Quelques années auparavant Bouchoir avait souffert des ravages des Anglos-Bourguignons installés à Arvillers et à Hangest.
TEMPS MODERNES
34. Du XVIème siècle à la Révolution
Les guerres de religion n'ont pas causé de graves désordres à Bouchoir. Le pays a souffert de la misère fréquente aux XVIIème et XVIIIème siècles. Il fut sans doute ravagé par les Espagnols en 1636 et 1653. Les habitants possèdent alors environ le tiers du territoire. Mais les charges qui pesaient sur eux étaient accablantes. Il leur fallait acquitter la dîme et d'autres droits féodaux. En 1794 et peut-être antérieurement à cette date, le village a son école.
TEMPS ACTUELS
35. Grands faits. Hommes remarquables. etc.
Bouchoir subit le sort général des Communes à l'époque révolutionnaire , aucun fait saillant .
En 1814, le village fut le théâtre d'un événement tragique. Le Maire et quelques habitants avaient eu la folle prétention de résister aux " Cosaques " et en arrêtèrent quelques-uns. L'un d'entre aux mourut par la suite de mauvais traitements imputés à des villageois du voisinage. Le 25 Mars un corps russe investit Bouchoir, l'incendie en partie et fait subir une flagellation cruelle aux principaux habitants. En 1871 le village fut occupé militairement par les Allemands. Aucun homme remarquable n'est né à Bouchoir.
36. Développement économique. Progrès de l'instruction, des institutions de prévoyance et de bienfaisance, etc. Mouvement de la population. Avenir possible de la commune.
Bouchoir s'est transformé au XIXeme siècle grâce aux bienfaits de la Révolution et au développement rationnel de l'agriculture. Les chaumières se sont transformées en habitations confortables. Le bien-être pénètre dans les familles, l'instruction se répand; les idées de prévoyance sont en progrès; la caisse d'épargne scolaire est prospère, tous les immeubles sont assurés. La subdivision des sapeurs-pompiers est constituée en société de secours mutuels. La grande majorité des habitants vit à l'aise et de son travail. Les indigents sont peu nombreux et peu nécessiteux. La population qui était de 648 habitants en 1856 n'est plus que de 540. Cette diminution doit être attribuée à l'émigration vers les villes et à la faible natalité. Au point de vue industriel Bouchoir décroît. Les machines absorbent tout et à moins de circonstances imprévues, Bouchoir ne sera jamais un centre considérable mais la condition actuelle de la commune peut encore s'améliorer .
Vue Générale et Conclusion
L'existence de Bouchoir se confond avec celle du Santerre. La féodalité n'y a laissé aucune trace. Le sol boisé au Moyen-âge s'est peu à peu cultivé. Depuis la révolution les habitants ont mis à profit les avantages de la société moderne. Le travail et l'économie sont partout en honneur dans la Commune et celle-ci n'a jamais connu de jours meilleurs que ceux de l'Epoque contemporaine. Quand les idées de prévoyance seront plus répandues, quand on comprendra mieux les bienfaits de l'association, la Commune sera en droit d'attendre encore plus de prospérité.